CARIGNELLI
A questa per virtu e per portento,
Che il ferro infuse, invece ruginoso,
Essa lo fa tornar color d’argento.
À celle qui par vertu et par pouvoir,
Le fer immergé, au lieu de rouiller,
Elle le fait revenir couleur d’argent.
C’est ainsi que le Chanoine Bacceglieri décrivit en 1700, la source de Carignelli, située à un peu plus d’un kilomètre à l’Ouest du village.
On devrait dire les sources de Carignelli. En effet, Pietro MORATI (1635/1715) curé à Speloncato en l’église Santa Maria Assunta, évoque « I Tre de (di) I Carugnelli » dans ses écrits, en spécifiant que celle du milieu était exploitée par les Génois, qui expédiaient des tonneaux d’Algajola à Gênes.
« Esquisitissima acqua di Carignelli, ottima per li mali di calcoli, solita mandarsine a prendere da Genova in barilotti »
« Eau très exquise, bonne pour les maux provenant de calculs, on l’envoie prendre de Gênes en barils ».
Carignelli Suprana, c’est-à-dire la source du dessus, alimentait un réservoir du couvent tout proche, par une canalisation de pierres taillées en forme de tuile.
Les évêques de Sagone qui séjournaient quelques fois pendant l’été dans une aile du couvent appelée « Palazzetto » y faisaient ainsi des cures.
A la demande du Conseil municipal, Louis Gentil, pharmacien de première classe à Bastia, fit en 1905, des analyses de ces eaux fameuses de Carignelli.
C’est ainsi, qu’on s’accorda à penser que l’eau de Carignelli « ne soignait pas seulement les maux provenant des calculs, mais aussi les voies urinaires, les intestins, l’obésité, l’anorexie, la gastralgie, les troubles stomacaux des femmes enceintes, les dyspepsies avec appétit capricieux, la tuberculose pulmonaire, les fonctions digestives défectueuses, les entérites chroniques, les neurasthénies à forme gastro-intestinales, le paludisme aigu, l’anémie et les affections des plaies. Cette eau était aussi utilisée pour se purger. Pour cela, vingt à cinquante verres d’eau devraient être bus dans la matinée. »
En ce début de siècle, « pendant la foire d’Île-Rousse, début septembre, l’eau était transportée sur des charrettes, dans des tonneaux recouverts de fougères. Débitée sur la place Pascal Paoli, elle était vendue un sou la bouteille. »
Pendant la première moitié du 20ème siècle, les Speloncatais se sont beaucoup rendu à Carignelli, et c’était toujours l’occasion de faire une marche et une cure de ses eaux.
Septembre 1929 – Carignelli – « Un rafraîchissant souvenir »
1932 – Des moments heureux à Carignelli.
Plusieurs feux autour de ces sources ont énormément déboisé ce flanc de montagne, et les eaux de Carignelli, coulant beaucoup moins, ont malheureusement perdu de leur charme, et de leur attrait.
Mais peut-être qu’à une époque, où l’eau fait débat, il n’est pas trop tard pour sauver ces sources qui ont fait beaucoup parler d’elles en leur temps.
Bientôt pourra-t-on dire ?
« Quandu risorgge l’acqua di Carignelli… »
Sources bibliographiques :
« Coups de plume variés d’un enfant de la Balagne » – Romulus CARLI – 1896
« Histoire de l’église Corse » – Chanoine CASANOVA – 1933
« Speloncato de A à Z » – François MARIANI – 2006